Le libéral, c’est un travail d’équipe.

Mettons un terme à ce fait mystique dont on se persuade en parlant d’un service d’équipe pluridisciplinaire… Nous ne sommes pas seul(e)(s) en libéral… Nous sommes « seul(e)(s) » au quotidien, dans les soins, avec certaines décisions, pour facturer et gérer notre administratif… mais derrière tout cela, se tisse une sacrée toile humaine qui se transforme en travail d’équipe au fil des années, apportant un épanouissement professionnel durable…

Les prestataires, médecins, pharmaciens, kinés, ostéos, ergos, sages femmes, psys, cabinets & collègues idel… au fur et à mesure des années de pratiques quotidiennes, un réseau se met en place, avec des personnes de confiance, nous travaillons en équipe pour le bien être du patient et de son environnement, pour notre tranquillité d’esprit également et pour ce faire nous devons nous entendre…

Je parlerai ici du milieu urbain que je côtoie et connais bien : nous avons l’embarras du choix en ce qui concerne les pharmacies, prestataires et autres acteurs de santé avec qui travailler, nous avons aussi l’immense loisir de pouvoir trouver nos perles rares en tant que collaborateurs et remplaçants… Il ne s’agit donc pas de se précipiter pour combler un « trou »…
Beaucoup de libéraux s’installent seul au début et cherchent ensuite une personne pour les aider au quotidien. Il s’agit de trouver un idel avec qui on s’entend très bien sur tout un tas de points : humains, éthiques et professionnels. Attention, aucun de ces items n’est à laisser de côté, sinon, vous allez changer de collègues à de très nombreuses reprises… et c’est plutôt fatiguant, éreintant, énervant… N’oublions pas qu’en libéral, la frontière est très mince avec la vie privée et nous ramenons bien plus nos problèmes personnels à la maison. Tant qu’à faire, autant prendre le temps de trouver ses collègues, ce sera bénéfique à tous points de vues.

Il existe différentes façons de chercher cet(te) idel, mais la règle de base c’est de se connaître SOI MEME.
Qu’attendez vous de vous humainement, éthiquement et professionnellement ? Pour comprendre ce que vous attendrez de l’autre… quelles vont être vos exigences ? Les faits sur lesquels vous ne ferez pas l’impasse ? Ce que vous voulez que votre cabinet soit et ne soit pas ?

Je veux un cabinet florissant, je veux travailler de 8h à 22h ou la matinée seulement, je ne veux faire que des soins techniques ou des soins d’hygiène et de bien être, je ne souhaite pas être dans le relationnel, je n’aime pas perdre mon temps dans l’administratif, je cherche une maman, un papa, une copine, un amant… bref, en fait vous cherchez un collègue de travail, et ce n’est absolument pas une mince affaire, le(a) premier(e) venu(e), sachez-le, ne conviendra pas !

Dimension des soins : Tournez vous vers un(e) idel qui a connu un parcours professionnel similaire au vôtre. Vous avez travaillé dans des secteurs de soins intensifs (réa, urgences…) ne collaborez pas avec un(e) ide qui a travaillé 2 ans en EHPAD, vous ne vous entendrez pas, et rapidement, un creux va s’installer lorsque vous voudrez prendre en charge un patient de l’HAD avec 5 perfs par jour, à moins qu’elle(il) soit très volontaire et sûre d’elle(lui), votre collègue sera mal à l’aise, elle(il) se sentira exclu(e) et perdra confiance en elle(lui). L’organisation des soins quant à elle sera bien différentes entre ces deux profils, chacun aura sa vision des choses, l’une bien étriquée et l’autre ne comprendra pas… des non-dits s’installeront au fur et à mesure…

Dimension d’âge. Ne pas s’en rendre compte, c’est se voiler totalement la face. Un(e) IDEL en fin de parcours ne peut pas collaborer avec un(e) jeune diplômé(e), les attentes ne sont pas les mêmes et encore moins la vision des soins. De la même manière, vous avez des enfants en bas âge, l’autre n’en a pas, vous aurez des difficultés à vous comprendre en termes d’horaires de transmissions, de tournées, de planning…

La personnalité… vous savez comment vous êtes, pas la peine de travailler avec un(e) idel qui est votre opposé… non, ça ne fera pas balancier, et il n’y aura pas d’équilibre, les patients entreront dans la brèche pour vous déstabiliser tous les deux…Vous êtes amis, encore mieux, dans quelques temps, vous ne vous parlerez plus, ou du moins, ce ne sera plus pareil ! Cette personne vous paraît rigolotte et vous allez bien vous entendre, elle va dans les mêmes bars, fait les mêmes voyages que vous et en plus elle adore la randonnée… très bien, mais quand on travaille et qu’on touche au porte monnaie et à la vie de famille, l’humour & les sorties, ça ne va pas changer grand chose ou encore ça ne durera qu’un temps.

#Compter sur#, à fuir = celui ou celle sur qui on ne peut pas compter : maux de tête, de gorge, appels incessants pour changer les jours, les week end, le matin du dimanche, en maladie toutes les 3 semaines… Vous tiendrez pas le coup ou vous n’aurez pas de vie…

#confiance en soi# A FUIR : celui ou celle qui n’a pas confiance en lui(elle), ses soins et ses actes. En libéral on a moyennement le temps de remonter le moral de toutes les troupes, chacun sa croix, chacun sa vie et les problèmes que l’on rencontre au quotidien. Un peu de compassion oui, mais à moindre mesure, celui qui est tout le temps dans la plainte, ça ira deux minutes, il y a déjà les patients et leur famille. Ce genre de personnalité est épuisante en libéral (comme ailleurs).

#professionnalisme# A FUIR = celui ou celle qui ne fait pas les soins comme vous l’entendez… Au bout de 15 jours ensemble, vous vous apercevez de problèmes d’hygiènes, communication inadaptée avec les patients (…), de pratiques de soins que vous ne pouvez pas laisser passer… Il ne s’agit pas de dire qu’il n’existe qu’une manière de faire un soin, loin de là, mais si vous pensez qu’il y a danger, il n’est pas la peine d’insister.

Mes conseils donc sont avant de rencontrer votre futur(e) collègue :

1 – Demandez des CVs, faites une pré-sélection de 5 personnes après avoir posté une annonce très précise de ce que vous recherchez. Donnez également toutes les infos utiles à celui(celle) qui cherche : secteur, temps de rempla/collab, CA…

2 – Préparez vous un questionnaire complet de 5 questions importantes à vos yeux : engagement, sécurité, vision d’empathie, carrière, d’ici 5 ans que comptez vous faire ? (l’idel qui vous répond qu’il(elle) sera en Patagonie dans 5 ans peut changer d’avis !!)

3 – Ayez des entretiens téléphoniques. Choisissez deux personnes à rencontrer de visu ou en conférence vidéo.

4 – Lorsque vous avez fait votre choix consciencieusement : Observez bien l’idel que vous choisissez en entretien, et observez le/la lors de votre tournée d’accompagnement. Est ce qu’il(elle) paraît vous apprécier, aimer votre façon de travailler, votre patientèle ? Remet-il(elle) déjà tout en question ? Est-il(elle) critique de manière positive ?

5 – Laissez vous le choix pendant un ou deux mois de pouvoir revenir en arrière … Pour les deux, c’est mieux !!! Et une personnalité ne se révèle pas en trois jours…

Le dernier conseil, et non des moindres, est de communiquer au maximum sur ce qui vous dérange et/ou ce qui vous plait, on peut être aussi positif dans une relation, tout n’est pas forcément négatif. Inclure votre collègue au maximum dans vos projets, de l’accompagner et l’encourager dans les siens, une relation naturelle de confiance. Bien sûr, soyez à l’écoute les uns des autres des demandes et évolutions, ne restez pas figés dans le temps, avancez ensemble, même si des fois cela paraît insurmontable, ça se passe…
Et, même si vous êtes proche de vos patients, comme il n’est pas judicieux de leur faire part de votre vie privée, il est tout aussi préférable de ne pas critiquer ses collègues devant eux. Mieux vaut mettre un terme à une relation qui ne fonctionne pas, où les patients se plaignent et où l’ambiance de travail se délite… Soyez intelligents et communicants, il en va de votre devenir psychique, physique et professionnel…

On regrette rarement d’avoir osé mais toujours de ne pas avoir essayé

PS = Je reste assez inquiète de voir les résultats statistiques du quizz soumis à plusieurs milliers d’idel. Encore 35% d’entre vous n’ont aucune structure juridique. Il s’agit là, je le rappelle, de la base d’un travail de confiance en collaboration avec un collègue. Vous vous protégez, mais protégez aussi les autres… Faites des contrats, vous en trouverez désormais partout en ligne sur l’ONI, cecillio.unblog…

ETUDE : Le saviez-vous ?
A la question « Comment votre cabinet est-il structuré ? 35 % des participants au questionnaire « Quel(le) IDEL êtes-vous ? » n’ont pas établi de contrat de collaboration…

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